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samedi 3 janvier 2009

6 ans

2002

7 Mai 2002: Nicolas Sarkozy devient ministre de l'Intérieur.

31 décembre 2002: 379 voitures brulées

31 décembre 2003: 324 voitures brulées

30 mars 2004: Nicolas Sarkozy quitte le ministère et va s'occuper de l'économie (un peu) puis de l'UMP (beaucoup)

31 décembre 2004: 333 voitures brulées

31 mai 2005: Nicolas Sarkozy redevient ministre de l'Intérieur.

31 décembre 2005: 425 voitures brulées

31 décembre 2006: 397 voitures brulées (chiffres non révélés avant 2008)

16 Mai 2007: Nicolas Sarkozy devient roi de France.

31 décembre 2007: 878 voitures brulées

31 décembre 2008: 1147 voitures brulées

1er janvier 2009: Après 6 ans (et demi, mais avec interruptions) avec la responsabilité de la sécurité des français dans ses mains, Sarkozy a enfin une idée géniale pour régler le problème: menacer ceux qui commettent ces crimes (enfin plutôt les mineurs, enfin plutôt les mineurs pauvres) de ne pas pouvoir passer le permis de conduire. Rappelons que la peine déjà encourue, c'est de 10 à 20 ans de prison. Si ça ne les effraye pas, qui peut croire que la nouvelle peine aura une quelconque efficacité?

Alors oui, cette idée ne passera jamais (elle viole des principes constitutionnels tout autant que le bon sens), elle est juste là pour donner l'impression que Sarkozy s'occupe du problème. Mais pas sûr cette fois que même ses plus fervents zélateurs ne se rendent pas compte de la supercherie.

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jeudi 20 mars 2008

www.interet-public.gouv.fr : Erreur 404

Les blogs politiques (voir par exemple Luc Mandret, Authueil, Jules et le Figaro pour un résumé) bruissent depuis plus de vingt-quatre heures maintenant de la nomination d'un jeune normalien, Nicolas Princen[1], pour une mission de surveillance de la diffusion d'informations sur le chef de l'Etat sur la Toile. Plus exactement sa mission serait, je cite le Jdd (via Jules):

Surveiller tout ce qui se dit sur la Toile, de traquer les fausses rumeurs et de déjouer toute désinformation à l'encontre du Président. L'objectif: contre-attaquer aussitôt.

Passons sur le fait d'utiliser le mot Toile, ce qui est ringard depuis la création d'Internet, et concentrons-nous sur ce qui me gêne dans cette histoire. La plupart des blogs reprennent l'affaire sur un ton goguenard qui traduit un certain amusement mêlé de consternation. C'est l'idée même de surveillance qui gêne en général, mais pour moi ce n'est pas là le problème. Jules détonne en effet en précisant bien:

Nonobstant les termes — disons accrocheurs — de la rédaction journalistique, il s'agit bien de collecter les informations nécessaires à l'anticipation des éventuelles menaces qui pèsent sur l'image présidentielle ; tout comme une entreprise prend soin de surveiller l'évolution de son image.

Tout le problème que j'ai avec cette affaire est que je ne goute pas ce parallèle. L'État n'est pas une entreprise d'une part, et ce n'est pas son image, mais celle du Président dont il est question d'autre part. Ce serait l'UMP qui financerait l'emploi de Nicolas Princen je n'aurais rien à dire. Mais là c'est un poste officiel, il me semble. En quoi la mission de Princen apporte-t-elle quoi que ce soit à l'intérêt public de près ou de loin? Ce n'est pas le cas, sauf à confondre l'intérêt personnel du président et l'intérêt public; ce que je soupçonne Sarkozy de faire, plus dans la lignée d'un Napoléon III que d'un De Gaulle, d'ailleurs.

Princen n'a aucune raison d'être le souffre-douleur de la blogosphère[2], comme le prédit Jules. C'est sa mission qui est déplacée, et l'étrange conception de l'intérêt public qui semble animer les hautes sphères de l'État qui ont eu cette idée ridicule.

Ça, c'est pour la hauteur des principes.

Dans les faits et dans la pratique, il est clair qu'il est ridicule de croire que Princen peut surveiller tous les blogs, sauf à mobiliser des moyens à la chinoise pour ce faire, mais il n'a jamais été question des blogs, dont l'audience reste faible [3] mais d'Internet. Qu'est-ce qui sur Internet, a pu nuire à l'image du Président récemment? La fameuse vidéo du pauvre con, évidemment. Les sites de partage de vidéos comme Youtube et Dailymotion ont une audience bien plus élevée que les blogs, et sont d'autant plus facilement identifiables qu'ils sont les épicentres de ces buzzs basés sur la vidéo. Il est facile de faire pression sur un de ces sites pour faire retirer une vidéo sous divers prétextes passe-partout comme le "droit à l'image". Les dit sites ont d'ailleurs l'habitude, ils retirent quotidiennement des vidéos de clips musicaux ou d'extraits de films ou d'émission, à la demande de sociétés détentrices de copyright.

Cela est d'ailleurs en phase avec une certaine crispation du cercle sarkozien autour de l'image non contrôlée, comme le montre la récente censure de Télé Libre lors d'une réunion publique de Rachida Dati. Mais ça n'a rien de nouveau: déjà pendant la campagne présidentielle, le rôle de Sarko TV avait été de fournir une source d'image contrôlée, certes pas obligatoire, mais en général docilement reprise par les médias mainstream. Souvenons-nous également de l'épisode ridicule de LeWeb3 où une apparition du futur président avait montré sa conception du média: il parle, et on écoute.

Tiens, au fait, qu'en pense Loïc le Meur?

Edit: voir également Versac sur le sujet, puisque, comme il le dit, la "chose" est son métier.

Notes

[1] Qui a déjà sa page Wikipedia

[2] Bon, j'avoue m'être inscrit à son fan-club ironique sur Facebook, pour l'occasion.

[3] Oui même Versac

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samedi 23 février 2008

Nouvelle leçon de rupture

"Sur la PAC, je veux la rupture avec le conservatisme et l'immobilisme", dixit le Président, lors de l'inauguration du Salon de l'Agriculture. Lequel salon a toujours eu la diligente visite de tous ses prédécesseurs, chacun assurant au lobby agricole sa détermination sans faille à arroser de deniers publics toute la profession. La rupture n'est donc pas là mais ailleurs.

Et donc, que propose Sarkozy, à la place d'une politique protectionniste et de subventions? Et bien, lisons l'article:

maintien de l'activité de production dans les territoires fragiles.

Des subventions, donc.

"Je regrette que l'Europe accepte des concessions toujours plus importantes sans aucun retour. Cette attitude est une impasse", a-t-il ajouté, avant de prévenir qu'il s'opposerait "à tout accord qui sacrifierait les intérêts des agricultures française et européenne.".

Protectionnisme, donc. Au passage, en retour, l'Europe accepte non pas rien, mais des produits étrangers pas chers. Ca peut être intéressant si on veut donner un peu d'air, je ne sais pas moi, au pouvoir d'achat par exemple?

Sarkozy ou l'art de faire du neuf avec du vieux. Mon petit doigt me dit que 2012 ressemblera beaucoup à 2007...

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jeudi 7 février 2008

Taxidermie du reformisme sarkozien

Ces deux titres de Libération, mis côte à côte, sont cruels:

«Si le gouvernement n'arrive pas à faire passer la réforme des taxis, il n'arrivera à rien faire passer»

Taxis: le gouvernement renonce à la réforme Attali

J'aurais presque envie de rire, si ce n'était pas, quelque part, terrible.

La taxidermie consiste à faire prendre l'apparence du vivant à des animaux morts. Ça n'a rien à voir avec les taxis, bien sûr, sauf qu'il faudra peut-être bien des talents de taxidermiste pour faire croire que pétille la flamme du vivant dans l'œil du cadavre des illusions du Sarkozysme après ce soir.

Je n'ai pas eu le courage de lire le rapport de la Commission Attali. Mais libérer le commerce des taxis était une bonne chose.

- Une bonne chose pour l'emploi, et surtout pour les catégories sociales qui souffrent le plus des problèmes de chômage: le taxi est une activité qui peut être remplie après un rapide apprentissage par une personne non-qualifiée, ne souffre pas des délocalisations, et nécessite un investissement de départ modéré une fois évacué ces histoires de licence.

- Une bonne chose, paradoxalement, pour le trafic et l'environnement. Le taxi est fait pour ceux qui se déplacent non régulièrement, sur des trajets urbains de longueur moyenne non ou mal desservis par les transports en commun. Si le taxi est une solution inabordable ou inaccessible, la seule solution est de s'acheter ou de louer une voiture. Bilan: le trajet est quand même fait en voiture, et l'usager se dit que quitte à avoir une bagnole, autant l'utiliser aussi dans les circonstances où il aurait fait usage du bus, du métro, du vélo ou de ses pieds.

- Une bonne chose pour les usagers, qui au final, se retrouveraient avec une solution plus accessible et moins chère pour se déplacer, et moins contraignante que les transports en commun.

- Une bonne chose pour les chauffeurs de taxis, qui verraient affluer une clientèle nouvelle et ne verraient pas forcément diminuer leur chiffre d'affaire. Ceci pour peu qu'ils soient remboursés par la communauté de l'investissement primordial que n'auraient pas eu à faire leurs nouveau concurrents, ce qui n'est pas la mer à boire pour la dite communauté, et qui est largement compensé par les avantages évoqués.

Mais bon, les chauffeurs de taxis votent à droite, donc on ne verra pas ça jusqu'au prochain renversement politique. Et même après, tout dépendrait de la façon dont la gauche française se sera accommodé avec ses propres démons.

Enfin bref, on a pu se demander à certains moments si Sarkozy c'était Thatcher ou Blair: le changement brutal ou le changement en douceur. On sait maintenant que Sarkozy c'est Chirac. L'humanisme en moins. Puff Daddy en plus.

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samedi 25 août 2007

100 jours, en plus court

Juste un shorter sans prétention, à partir de cette rubrique du Monde invitant les lecteurs du site à s'exprimer sur les 100 premiers jours de Sarkozy président:

  • Le point positif, c'est qu'on a un président qui respecte ses promesses de campagne.
  • Le point négatif, c'est que ce président respecte vraiment ses promesses de campagne.

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mercredi 1 août 2007

Kouchner a les fils qui se touchent

C'est mal de dire ça, je sais, mais je ne vois que la folie ou autres inconvénients cérébraux qu'apporte le grand âge pour excuser la dernière sortie de Bernard Kouchner, dont je livre ici la partie la plus navrante:

M. Kouchner a souligné que la primauté du président de la République en politique étrangère était un fait constant sous la Vème république. "Ca ne se passait pas comme ça sous Mitterrand? Ca ne se passait pas comme ça sous Chirac?", a-t-il demandé.

"Il a fallu que je leur rappelle que j'ai, avec madame Danièle Mitterrand, que je respecte et que j'aime, fait des trucs beaucoup plus graves, beaucoup plus illégaux, et ils (les socialistes) ne protestaient pas à ce moment là", a-t-il déclaré.

D'abord cet aveu, comme un appel au secours, du fait qu'il ne sert à rien dans ce gouvernement. Pour ceux qui doutaient que la fameuse ouverture était de la pure communication, voilà une éblouissante confirmation. OK, c'est un peu exagéré, mais quand on sait que Sarkozy a appelé Védrine avant Kouchner...

Mais ensuite il nous annonce qu'il a fait des trucs illégaux avec Madame Mitterrand. On tremble rien que d'y penser. Quel est le rapport avec la choucroute, on aimerait le savoir. Mais il n'y en a pas, de rapport: tout ce que ça veut dire c'est un plat "quand vous étiez au pouvoir, vous faisiez pareil". Devraient suivre un tirage de langue et un "bisque bisque raaaage".

Ça m'a toujours amusé, en fait, cette éternelle réplique que fait la droite quand on ose un peu critiquer son action, ou ici, son affichage d'action. Au fond, c'est rassurant, pour la gauche, de savoir qu'elle reste le référent moral dans ce pays. On imagine d'ailleurs bien les ministres de droite fouiller dans les archives de Mitterrand pour s'assurer qu'à chaque fois qu'ils font un truc louche, Mitterrand, ou alors sa femme, allez, ou sa bonne ou encore son chien, n'auraient pas fait pire, ce qui leur donnerait le feu vert. L'idée qu'il ne serait pas un mal d'élever un peu le niveau de la moralité publique dans ce pays est apparemment un peu trop compliquée à imaginer. [1]

Donc, il faudra s'y faire: parce qu'il y a eu le Rainbow Warrior et autres barbouzeries, la droite a le droit de faire ce qu'elle veut, et toute critique est impossible. Circulez, il n'y a rien à voir.

Sauf, évidemment que Hollande, pris à parti ici par Kouchner, Hollande qui mérite pourtant bien quelques baffes, Hollande donc, ben il n'a jamais gouverné ce pays, lui. Lui jeter à la figure les truc illégaux organisés entre Madame Mitterrand et Monsieur Kouchner [2], c'est un peu gros, je pense. Mais plus c'est gros, plus ça passe.

A moins qu'on fasse des socialistes maintenant, collectivement et perpétuellement responsables de la gestion de leurs ainés, enfin des côtés négatifs, hein, les trucs positifs comme l'abolition de la peine de mort, la dépénalisation de l'homosexualité, la baisse historique du chômage sous Jospin, ah non ça c'est l'héritage de tous les Français, les socialistes ne peuvent plus s'en réclamer, il ne leur reste plus que les boulets.

Il y a un truc qui me chiffonne, là. Ce que cette rhétorique terriblement démagogique et efficace exige de la gauche, ça ne s'appellerait pas de la repentance?

Notes

[1] Et bien souvent, il n'est pas besoin que la gauche ait vraiment fait pire. A l'évocation de ce proche de Sarkozy qui prenait un poste de responsabilité à TF1, une de mes collègues me disait récemment sur le même ton: "oui, mais la gauche a fait pareil". Que la présidence de France Télévision a été toujours le théâtre d'un népotisme claironné, je veux bien mais il faudra me dire qui Mitterrand a mis à la tête de TF1, qui représente quand même bien autre chose en matière d'audience et, disons le, de rouleau compresseur médiatique aujourd'hui... Et bien sûr faudra me dire en quoi ça justifie de faire pareil.

[2] c'est-à-dire lui-même, ce qui est une variante encore plus forte du "vous avez fait pareil": le "j'ai déjà fait pire donc il n'y a pas de raison de critiquer le fait que je continue"

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