Wordle: plan de relance 2

Pendant que Sarkozy affronte le terrible Pujadas, on est forcé de se mettre à l’évidence : le plan de relance sera tout ce qui sortira de l’exécutif français, du moins dans un premier temps.

Je me propose donc de regarder un peu cela, un peu en retard, puisque beaucoup en ont déjà parlé, bien entendu. Demain, avec encore plus de retard, je regarderais le contre-plan des socialistes.

Ce qui est d’abord étonnant c’est le décalage entre les discours de ceux qui vendent le plan (messieurs Devedjian et Fillon) et ce que ce plan contient. Il paraît que c’est un plan qui soutient l’activité par l’investissement, résumé par la formule Quand l'État engage un euro, il veut entraîner trois euros . C’est à priori louable : si l’on veut stimuler l’activité économique, autant que ce soit une activité économique durable.

Or, ce que le plan contient, ce sont d’abord des rénovations de bâtiments, d’autoroutes et de voies ferroviaires. De la maintenance, quoi. Certes, cela va fournir un certain nombre d’emplois aux travailleurs du BTP, mais en quoi est-ce un investissement ? La plupart du temps, ces voies, autoroutes et bâtiments existaient déjà avant. Il s’agit plus d’une relance par la dépense publique, quelque chose qui semble très keynesien, et assez dans la tradition de la droite française (sauf qu’on a des petits travaux au lieu des grand travaux). C’est d’ailleurs, comme conjecture Econoclaste, sans doute dans ce cadre qu’il faut comprendre la petite phrase de Devedjian. Et tout ça, c’est de la consommation.

Restent quelques mesures qui semblent aller dans la direction de l’investissement, comme l’avance sur le remboursement du Fond de Compensation de la TVA (mécanisme qui permet de soulager les collectivités locales d’une partie de l’effort financier fourni pour un « investissement »). 11,4 milliards sont également injectés de diverses manières dans la trésorerie des entreprises, ce qui évitera sans doute quelques faillites.

La construction ou le rachat de 100000 logements fera plaisir au BTP (encore eux), et fera un peu d’air bienvenu à ceux qui cherchent un logement. Mais par ailleurs, on persiste dans les politiques néfaste des « prêts à taux zéro », qui alimentent encore l’inflation immobilière.

Enfin on remarquera qu’une grande partie du plan consiste en une « accélération » des chantiers déjà prévus. C’est tout à fait louable, à condition que la crise ne dure pas plus qu’un an, ce qui semble un pari plutôt risqué. Que se passe-t-il si dans un an l’économie ne s’est pas redressée ?

Ce qui ressort de ce plan est une impression de saupoudrage, et de relance keynésienne par les petits travaux. La rhétorique de l'investissement est peu justifiée, et aucune vision d'ensemble ne semble émerger. Cela n'en fait pas un mauvais plan, mais on peut se demander s'il pourra sauver plus que l'industrie du bâtiment.