jeudi 7 février 2008
Taxidermie du reformisme sarkozien
Par Cyrille, jeudi 7 février 2008 à 01:17 :: Chose publique
Ces deux titres de Libération, mis côte à côte, sont cruels:
J'aurais presque envie de rire, si ce n'était pas, quelque part, terrible.
La taxidermie consiste à faire prendre l'apparence du vivant à des animaux morts. Ça n'a rien à voir avec les taxis, bien sûr, sauf qu'il faudra peut-être bien des talents de taxidermiste pour faire croire que pétille la flamme du vivant dans l'œil du cadavre des illusions du Sarkozysme après ce soir.
Je n'ai pas eu le courage de lire le rapport de la Commission Attali. Mais libérer le commerce des taxis était une bonne chose.
- Une bonne chose pour l'emploi, et surtout pour les catégories sociales qui souffrent le plus des problèmes de chômage: le taxi est une activité qui peut être remplie après un rapide apprentissage par une personne non-qualifiée, ne souffre pas des délocalisations, et nécessite un investissement de départ modéré une fois évacué ces histoires de licence.
- Une bonne chose, paradoxalement, pour le trafic et l'environnement. Le taxi est fait pour ceux qui se déplacent non régulièrement, sur des trajets urbains de longueur moyenne non ou mal desservis par les transports en commun. Si le taxi est une solution inabordable ou inaccessible, la seule solution est de s'acheter ou de louer une voiture. Bilan: le trajet est quand même fait en voiture, et l'usager se dit que quitte à avoir une bagnole, autant l'utiliser aussi dans les circonstances où il aurait fait usage du bus, du métro, du vélo ou de ses pieds.
- Une bonne chose pour les usagers, qui au final, se retrouveraient avec une solution plus accessible et moins chère pour se déplacer, et moins contraignante que les transports en commun.
- Une bonne chose pour les chauffeurs de taxis, qui verraient affluer une clientèle nouvelle et ne verraient pas forcément diminuer leur chiffre d'affaire. Ceci pour peu qu'ils soient remboursés par la communauté de l'investissement primordial que n'auraient pas eu à faire leurs nouveau concurrents, ce qui n'est pas la mer à boire pour la dite communauté, et qui est largement compensé par les avantages évoqués.
Mais bon, les chauffeurs de taxis votent à droite, donc on ne verra pas ça jusqu'au prochain renversement politique. Et même après, tout dépendrait de la façon dont la gauche française se sera accommodé avec ses propres démons.
Enfin bref, on a pu se demander à certains moments si Sarkozy c'était Thatcher ou Blair: le changement brutal ou le changement en douceur. On sait maintenant que Sarkozy c'est Chirac. L'humanisme en moins. Puff Daddy en plus.