En cette année d'élections européennes, je vais commencer à m'intéresser aux élections chez nos voisins européens. J'ai déjà commencé en décembre dernier avec les élections générales en Roumanie.

Demain, c'est l'élection présidentielle en Slovaquie. L'enjeu de cet élection n'est pas bien grand: la Slovaquie est une démocratie parlementaire, le rôle du président est surtout cérémoniel [1], et le pouvoir exécutif est exercé par le premier ministre, depuis 2006 le social-démocrate Robert Fico. La campagne a été plutôt morne, et donc les gens ne devraient pas se bousculer aux bureaux de vote. Il est pourtant intéressant de ce pencher sur ce pays de l'Union Européenne, qui vient juste de passer à l'Euro.

Les principales forces en présences pour cette élection seront:

  • Ivan Gašparovič, le sortant. Il est tout à la fois l'un des principaux auteurs de la constitution démocratique slovaque adoptée après la séparation avec la République Tchèque en 1993 et l'une des figures de l'administration controversée de l'ancien premier ministre Vladimír Mečiar, administration blâmée pour sa corruption, son style autocratique, son manque de considération pour la démocratie et ses scandales, qui finit par fâcher l'Europe occidentale et retarda les négociations d'adhésion de la Slovaquie à l'Union Européenne et à l'OTAN. Néanmoins en 2004, Gašparovič se présenta contre Mečiar aux élections présidentielles et se retrouva de justesse au second tour contre celui-ci. Vu comme le moindre des deux maux par les opposants de Mečiar, il fut élu président largement. Depuis, son style de présidence apaisé et évitant les confrontations lui vaut une grande popularité, et il est en tête des sondages pour être réélu. Il est soutenu par la coalition au pouvoir, constituée de sociaux-démocrates et de nationalistes.
  • Iveta Radičová, candidate du SDKÚ-DS (démocratie chrétienne) et du SMK (parti de la Coalition Hongroise) et ancienne ministre du travail.
  • František Mikloško, candidat du KDS (conservateurs), député du parlement slovaque depuis la Révolution.
  • Zuzana Martináková, ancienne journaliste et leader du Forum Libre, dissidence des démocrates chrétiens.

L'élection présidentielle slovaque est un scrutin à deux tours. Si le candidat en tête ne reçoit pas des voix de plus de 50% des électeurs inscrits, il y aura lieu à un second tour, avec les deux candidats arrivés en tête.

Étant donné le faible intérêt de cette élection, on peut se demander pourquoi on dérange le peuple pour ça, et pourquoi le président n'est pas élu par le Parlement, comme dans la plupart des autres démocraties parlementaires. C'était effectivement le cas jusqu'en 1998, où le Parlement s'avéra incapable de s'entendre sur le nom d'un Président. Après plus d'une année de blocage, on amenda la Constitution pour que le président soit élu par le peuple pour cinq ans.

Enfin, les sondages ne sont pas faciles à trouver en français, mais celui-ci donne une idée de la situation, avec Gašparovič et Radičová largement favoris pour participer à un probable second tour. L'inconnue reste l'abstention, qui risque d'être forte, étant donné la campagne terne et l'absence d'enjeu.

Notes

[1] Il possède cependant quelques prérogatives, détaillées dans cet article sur le site de Radio Slovakia International