Eclipse

NNamrak.org

samedi 23 février 2008

Nouvelle leçon de rupture

"Sur la PAC, je veux la rupture avec le conservatisme et l'immobilisme", dixit le Président, lors de l'inauguration du Salon de l'Agriculture. Lequel salon a toujours eu la diligente visite de tous ses prédécesseurs, chacun assurant au lobby agricole sa détermination sans faille à arroser de deniers publics toute la profession. La rupture n'est donc pas là mais ailleurs.

Et donc, que propose Sarkozy, à la place d'une politique protectionniste et de subventions? Et bien, lisons l'article:

maintien de l'activité de production dans les territoires fragiles.

Des subventions, donc.

"Je regrette que l'Europe accepte des concessions toujours plus importantes sans aucun retour. Cette attitude est une impasse", a-t-il ajouté, avant de prévenir qu'il s'opposerait "à tout accord qui sacrifierait les intérêts des agricultures française et européenne.".

Protectionnisme, donc. Au passage, en retour, l'Europe accepte non pas rien, mais des produits étrangers pas chers. Ca peut être intéressant si on veut donner un peu d'air, je ne sais pas moi, au pouvoir d'achat par exemple?

Sarkozy ou l'art de faire du neuf avec du vieux. Mon petit doigt me dit que 2012 ressemblera beaucoup à 2007...

Tags: ,

jeudi 7 février 2008

Taxidermie du reformisme sarkozien

Ces deux titres de Libération, mis côte à côte, sont cruels:

«Si le gouvernement n'arrive pas à faire passer la réforme des taxis, il n'arrivera à rien faire passer»

Taxis: le gouvernement renonce à la réforme Attali

J'aurais presque envie de rire, si ce n'était pas, quelque part, terrible.

La taxidermie consiste à faire prendre l'apparence du vivant à des animaux morts. Ça n'a rien à voir avec les taxis, bien sûr, sauf qu'il faudra peut-être bien des talents de taxidermiste pour faire croire que pétille la flamme du vivant dans l'œil du cadavre des illusions du Sarkozysme après ce soir.

Je n'ai pas eu le courage de lire le rapport de la Commission Attali. Mais libérer le commerce des taxis était une bonne chose.

- Une bonne chose pour l'emploi, et surtout pour les catégories sociales qui souffrent le plus des problèmes de chômage: le taxi est une activité qui peut être remplie après un rapide apprentissage par une personne non-qualifiée, ne souffre pas des délocalisations, et nécessite un investissement de départ modéré une fois évacué ces histoires de licence.

- Une bonne chose, paradoxalement, pour le trafic et l'environnement. Le taxi est fait pour ceux qui se déplacent non régulièrement, sur des trajets urbains de longueur moyenne non ou mal desservis par les transports en commun. Si le taxi est une solution inabordable ou inaccessible, la seule solution est de s'acheter ou de louer une voiture. Bilan: le trajet est quand même fait en voiture, et l'usager se dit que quitte à avoir une bagnole, autant l'utiliser aussi dans les circonstances où il aurait fait usage du bus, du métro, du vélo ou de ses pieds.

- Une bonne chose pour les usagers, qui au final, se retrouveraient avec une solution plus accessible et moins chère pour se déplacer, et moins contraignante que les transports en commun.

- Une bonne chose pour les chauffeurs de taxis, qui verraient affluer une clientèle nouvelle et ne verraient pas forcément diminuer leur chiffre d'affaire. Ceci pour peu qu'ils soient remboursés par la communauté de l'investissement primordial que n'auraient pas eu à faire leurs nouveau concurrents, ce qui n'est pas la mer à boire pour la dite communauté, et qui est largement compensé par les avantages évoqués.

Mais bon, les chauffeurs de taxis votent à droite, donc on ne verra pas ça jusqu'au prochain renversement politique. Et même après, tout dépendrait de la façon dont la gauche française se sera accommodé avec ses propres démons.

Enfin bref, on a pu se demander à certains moments si Sarkozy c'était Thatcher ou Blair: le changement brutal ou le changement en douceur. On sait maintenant que Sarkozy c'est Chirac. L'humanisme en moins. Puff Daddy en plus.

Tags: , ,

mercredi 6 février 2008

Maljounalisme à ... l'Equipe!

Vous désespérez du journalisme politique? Vous êtes agacés par la presse économique? La presse judiciaire vous colle des boutons? Essayez la presse sportive!

Le meilleur quotidien sportif français, le journal l'Équipe, ou plutôt sa version en ligne, publie une brève sur le classement des centres de formation des clubs professionnels français par la DTN (Direction Technique Nationale, machin qui chapeaute la formation des footballeurs professionnels en France). On y apprend que L'AJ Auxerre figure à la première place, devant Bordeaux et le Havre. Diantre, on doit pavoiser à Auxerre!

Sauf que, quand on lit effectivement l'annonce par la DTN, on s'aperçoit qu'il s'agit d'une "classification" et non d'un "classement". Selon l'équipement et l'encadrement, les centres de formations professionnels français agréés ont en fait été répartis en deux catégories, la catégorie 1 et la catégorie 2. Être dans l'une ou l'autre détermine le nombre d'apprentis footballeurs que le centre peut accueillir.

Alors pourquoi lequipe.fr annonce que Auxerre figure à la première place? C'est simple, regardez la liste des centre de formations classés en catégorie 1, tels que la DTN les a publiés:

Catégorie 1 : Auxerre, Bordeaux, Le Havre, Lens, Lille, Lyon, Metz, Monaco, Montpellier, Nancy, Nantes, Paris, Rennes, Saint-Etienne, Sochaux.

Oui, ils sont rangés dans l'ordre alphabétique. Voilà pourquoi Auxerre est premier, devant Bordeaux et le Havre.

Comment râler contre les journalistes qui relatent n'importe comment des affaires judiciaires quand on voit que certains de leur collègues ne savent pas reconnaitre un classement alphabétique?

EDIT (23h26): il serait mal de ma part de ne pas signaler qu'après quelques heures, le contenu de la brève a été amendé et complété avec des informations au moins un petit peu pertinentes. Étrangement, le titre de la brève insiste toujours sur Auxerre et le texte sur la série "Auxerre, Bordeaux et Le Havre", sans raison particulière.

Tags: ,