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mardi 21 février 2006

Bien évidemment...

Allez le PSV !

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lundi 20 février 2006

Souverainetés

Quelques journaux français ont parlé du référendum d'auto-détermination de l'archipel de Tokelau, dépendance de la Nouvelle-Zélande de 1500 âmes. Aucun n'a annoncé les résultats du dit scrutin: 60% des habitants ont voté pour le statut d'État librement associé à la Nouvelle-Zélande, ce qui était en-dessous des 2/3 requis. Tokelau n'accède donc pas à l'indépendance.

Je me demande parfois pour quelles raisons apparaissent de telles velléités d'indépendance. Après tout, les coûts engendrés par la création d'un nouvel État pour ses propres habitants sont bien connus: limitation à la liberté de circulation des personnes et du commerce par la création d'une frontière nouvelle; nécessité de reproduire localement l'administration et les services publics de ce qui était la Métropole, faisant perdre un certain niveau d'économie d'échelle. Certes, pour Tokelau, le statut d'État librement associé lui aurait permis quand même de continuer à recevoir un soutien financier important (80% du budget) de la part de la Nouvelle-Zélande, laquelle aurait assuré de plus la représentation internationale, comme elle le fait déjà pour les Îles Cook et Niue, autres États à avoir préalablement choisi ce statut. En fait, comme l'essentiel des pouvoirs avait déjà été délégué par la Métropole à une assemblée locale (le General Fono) et qu'ils ont déjà une fédération de foot, le seul changement qu'auraient vus les Tokélans eut été l'adoption d'un drapeau et d'un hymne national.

N'empêche que la question du pourquoi les peuples veulent se séparer les uns des autres reste posée. D'autant que c'est un mouvement de fond depuis le XXème siècle et la fin des impérialismes « à l'ancienne » où l'annexion d'États était un sport que pratiquaient les gros pays Européens avec un cynisme jovial. Ainsi, pour prendre l'exemple de l'Europe: à l'aube de la première guerre mondiale, il y avait 21 pays sur le continent. En 1946, il y en avait 26. Et aujourd'hui, on en compte 38. A ce compte-là on se demande si le voeux d'une Europe unie politiquement ne serait pas un tout petit peu anachronique. La question est donc: pourquoi?

Bien évidemment, il y a le cas des peuples opprimés ou exploités par le pouvoir central. Pour eux la question ne se pose pas: personne ne se demande pourquoi les Kurdes ont cherché à se séparer de l'Irak de Saddam Hussein. Idem pour les anciennes colonies Françaises et Britanniques. Mais on est loin de ça pour les Tokelans, Québécois et autres Basques. Pourquoi donc se séparer d'un ensemble démocratique qui respecte vos droits si c'est pour créer un autre ensemble démocratique qui ne les respecte pas mieux?

Alors certes, il y a le « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes », il y a la souveraineté populaire. Ce sont des principes fondamentaux, incontestables et qui s'imposent à tous. Cependant, outre que définir ce qu'est un « peuple » n'est pas aussi évident qu'il n'y paraît [1], ces principes ne sont pas forcément incompatibles avec une union politique. En effet, le fédéralisme s'est construit ainsi comme l'idée d'une organisation politique qui assurerait la souveraineté de chacune de ses entités, lesquelles délèguent certaines compétences au niveau fédéral, tout en étant libres de séparer de l'ensemble. Et c'est peut-être là qu'on rejoint le référendum d'auto-détermination des Tokelau: cette idée de libre-association entre États a le goût du fédéralisme.

Cette idée d'une organisation collective partant du bas vers le haut s'oppose souvent en France à une vision jacobine d'un État qui contrôle tout. Il ne faut pas chercher ailleurs à mon avis le faible développement économique des DOM-TOM administrés depuis Paris, d'une part, la fracture entre le citoyen et le politique d'autre part, ainsi que ce fantasme hexagonal pour les hommes providentiels, de préférence à poigne (non, je ne vise personne en particulier). Quel dommage pour un pays qui a abrité beaucoup de penseurs fédéralistes (Montesquieu, Tocqueville) et où a même été poussée jusqu'au bout cette idée de fédéralisme par Proudhon et Marc en un fédéralisme dit « intégral » ou « global » qui réconcilierait l'individualisme avec la collectivité.

Notes

[1] Ainsi on a vu le Conseil Constitutionnel récuser la formulation de « peuple corse » qui s'était glissé dans un texte de loi, bien entendu sur un critère juridique, car cela allait à l'encontre du principe d'indivisibilité de la République et du Peuple Français (pourtant déjà brisée par l'indépendance de l'Algérie); mais cela pose quand même la question de savoir qui a la compétence de discerner qu'est-ce qui est un peuple et qu'est-ce qui ne l'est pas. Ne serait-ce pas les peuples eux-mêmes les seuls à pouvoir se définir comme tels?

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lundi 6 février 2006

Democracy

L'une des caractéristiques un peu tristes des jeux vidéos de ces dernières années, c'est le manque d'éclectisme: sorti des genres bien balisés (STR, RPG, FPS, MMO, et toutes ces sortes d'acronymes), il n'y a plus grand chose.

L'un des genres que j'affectionne est le jeu de gestion, abscons et austère de préférence. C'est assez peu glamour, avec des graphiques de comptable dans tous les coins qui vous font passer pour un nerd un peu cinglé. Le must, qui confirme mes ambitions mégalomanes, est quand il faut gérer un pays entier, dépenser des sous dans des programmes d'éducation ou de recherche pour arriver à faire monter les variables macro-économiques à leur maximum dans une modélisation économique généralement mal dégrossie. Quand on peut envahir les pays voisins c'est bien aussi, mais ce n'est pas obligatoire.

Si vous voulez tout savoir, le jeu qui se rapproche le plus de cet idéal absurde pour moi est Victoria. Une merveille de jeu moche et bugué couvrant grosso modo le 19ème siècle où tout est possible pour satisfaire l'ambition de faire des Etats-Unis d'Amérique Centrale la première puissance industrielle mondiale à l'aube de 1920 ou de créer un empire conservateur austro-allemand, le tout en étant régulièrement titillé par des mini-biographies de Walras et de Hegel, parmi une centaine d'autres.

Mais je vais plutôt parler d'un petit jeu d'un studio indépendant: Democracy. Ici, le but est simplement de se maintenir au pouvoir dans une démocratie bipartiste, c'est-à-dire d'avoir au moins 50% d'intention de votes au moment des élections tous les 4-5 ans.

Par exemple, commençons une partie avec la France. Tout de suite nous sommes accueilli par un bel écran pleins de couleurs où des alertes clignotantes nous signalent les différents problèmes: l'air est pollué; l'évasion fiscale et le marché noir sont galopants; l'économie est inefficace à cause des allocations chômage et des congés maternités (si, si!) et les producteurs nationaux se plaignent de la concurrence à bas prix des pays étrangers, ah et puis la dette nous écrase, bien sûr. Tout ça sur un fond bleu-blanc-rouge du plus laid effet, c'est tout à fait la France, on en écraserait presque une larme.

(cliquer sur l'image pour agrandir)

Un petit coup d'oeil dans le budget permet de repérer une partie du problème: 30% de celui-ci est occupé aux dépenses militaires, c'est le plus gros poste budgétaire. Tout de suite, je met ces dépenses à zéro. Qui a encore besoin d'une armée de nos jours? D'autant que le contexte international n'est pas modélisé dans le jeu.

Alors du coup, j'apprends que j'ai mécontenté les patriotes. Pfff qu'ils aillent se faire foutre, les patriotes. Vous en connaissez un, vous de patriote? Moi j'en connais pas!

D'ailleurs un petit coup d'oeil me permet de constater qu'ils ne représentent que 10% de la population, ça me laisse bien 90% pour asseoir ma base électorale. Parce que tout le jeu est là: la population est divisée en différentes catégories qui s'entrecoupent: socialistes, libéraux, retraités, parents, agriculteurs, classe moyenne, syndicalistes, buveurs de bière, etc., et il faut en contenter le plus possible pour arriver à ce nirvana des 50%. Mais on ne peut satisfaire tout le monde, alors il faut faire des choix. Comme dit l'une des citations qui égayent le jeu: "If you try to please everybody, somebody's not going to like it"(sacré Rusmfeld). Donc tant pis pour les patriotes.

Les mois passent, les gens m'aiment bien, je légalise le LSD comme tout dirigeant responsable, je met en oeuvre un programme de recyclage et un autre de recherche sur les cellules souches. Et boum: un Maxime Brunerie un peu plus débrouillard que le vrai me met une balle dans la tête. Game Over. Ah ouais, on peut les faire chier les patriotes, mais pas trop quand même. En fait, quand on mécontente trop une catégorie, il apparaît un problème de terrorisme, sinon ça serait trop simple. On peut diminuer les risques d'attentats avec une police secrète, mais bon c'est pas trop la démocratie dont je rêve (et puis ça mécontente les libéraux).

Après quelques parties avec différents pays, je peux désormais livrer ma recette miracle pour faire grimper le PIB, prière de faire suivre à Mr Villepin, il en a bien besoin:

  • Diminuer l'impôt sur les sociétés et la taxe sur l'essence.
  • Subventionner la recherche technologique.
  • Subventionner le développement rural.
  • Mettre plein de sous dans l'enseignement supérieur.
  • Légaliser la recherche sur les cellules souches, les jeux d'argent et la prostitution.
  • Augmenter la productivité en interdisant l'alcool, la drogue et les congés maternité (accessoirement, en améliorant l'éducation aussi, mais ça coûte cher).
  • Mettre un parapluie fiscal pour les plus riches.
  • Diminuer les importations en les taxant et en diminuant la TVA (sic).
  • Ne pas écouter tous ces hippies écolos qui veulent limiter la pollution industrielle.

Bon, ça c'est pour le PIB, qui va augmenter les recettes de l'Etat; pour revenir au plein emploi la recette est légèrement différente (et c'est là qu'on rigole):

  • Comme avant, subventionner la recherche technologique et légaliser les jeux d'argent.
  • De même, subventionner le développement rural.
  • Mettre des taxes à l'importation... hum.
  • Enfin, faire embaucher tous les chômeurs qui restent par l'État: Armée, écoles et hôpitaux. Et hop, plus de chômage... ahem.

Enfantin, non? Et on nous fait chier avec le CPE et les charges sociales? Non mais je rêve!

Bon, on le voit, le modèle économique est assez grossier, mais on s'amuse quelques jours sans problème.

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Danish Crash

Aujourd'hui, dans C dans l'air, Mr Calvi dont j'aime beaucoup l'émission nous lance un très beau chiffre: la rupture des liens commerciaux avec l'Iran seul ferait perdre 280 milliards de dollars par an au Danemark (j'ai pas révé, il le répête d'ailleurs pour être sûr qu'on a bien compris). Source? "La presse". Ah ok. J'ai cherché un peu mais je n'y ai pas trouvé cette information pourtant sans précédent. En effet, le Danemark avait un PNB de 174,4 milliards de dollars en 2004. Si le boycott se prolonge un an, les Danois vont se retrouver avec un PIB de -110 milliards! Le premier PIB négatif de l'histoire de l'économie! Tout ça pour des dessins! Si c'est pas là un signe que la réaction est exagérée!

Je ne suis pas bien sûr que la loi d'Okun s'applique, mais ça doit nous faire un chômage d'au moins 150% de la population active, tout ça. Avertissement sans frais au reste du monde: ne pas faire reposer 160,5% de l'économie sur des échanges commerciaux vers un seul pays.

Bon, ok c'est mal de se moquer, mais je me demande combien de zéros en trop il y a dans ce nombre. Je me demande aussi s'il a été calculé ce qui se passerait s'il venait aux exportateurs danois la sublime idée d'exporter ailleurs ce qu'ils n'arrivent plus à vendre aux iraniens, ou d'acheter ailleurs ce qu'ils importent. Hé, il y a peut-être moyen d'en profiter pour trouver du fromage danois à bas prix dans les rayons de l'hexagone...

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vendredi 3 février 2006

Polémique mahométane

L'affaire des caricatures de Mahomet a maintenant quasiment fait le tour de la blogosphère (en tout cas celle que je lis).

Je ne reviens pas sur les faits connus de tous: voir Phersu pour une chronologie.

Il y a quelques points qui me semblent peu abordés que je voudrais verser au débat:

  • On peut faire plusieurs reproches à ces caricatures: elles sont insultantes pour les musulmans; elles sont malvenues dans un contexte de tensions entre l'Orient et l'Occident; elles sont une violation blasphématrice d'un interdit de l'Islam.
  • Mais la représentation de Mahomet est-elle vraiment un interdit de l'Islam? Libération fait parler aujourd'hui Abdelwahab Meddeb, qui explique que si le prophète a bien marqué sa désapprobation envers les images, l'interdiction de celles-ci est une interprétation simplificatrice des Wahhabites. On peut trouver facilement des représentations de Mahomet exécutées par des Musulmans eux-mêmes, soit datées de plusieurs siècles, soit plus récentes mais de Turquie ou d'Asie Centrale. Voir par exemple cette longue page fournie de représentations de Mahomet dans toutes les cultures.
  • La phobie des images de Mahomet était d'origine théologique: les images n'étant que des représentations qui n'auront jamais d'âme, elles ne sont qu'un mensonge, une tromperie. Il s'agit là alors d'un argument qui porte sur toutes les représentations d'êtres animés, et pas seulement celles du prophète. C'était aussi un argument qui portait sur la lutte contre l'idôlatrie, comme le veau d'or de l'Ancien Testament, ce qui explique la destruction des Bouddhas de Bamiyan par les Talibans. Est-ce que vraiment cela s'applique à des caricatures, qui, par définition, n'ont aucune prétention de représenter fidèlement la réalité (et ne tombe donc pas sous la critique de Mahomet), et ne peuvent être soupçonnées de faire l'objet d'un culte?
  • Enfin, ça a déjà été dit chez Phersu, mais si interdiction il y a, elle ne peut être applicable qu'à des musulmans, et non à des chrétiens, athées ou autres.

Je ne suis pas bien entendu en train d'expliquer aux Mulsumans ce qu'est l'Islam ou ce qu'il y a marqué dans le Coran, mais il me semble, au vu de ces éléments extrêmement simples à récolter, que la réaction du monde musulman à cette affaire n'est pas basée sur une violation de leur foi, mais bien sur autre chose. Et cette autre chose est un mélange entre la sensation qu'on insulte l'homme en qui ils croyent, et aussi une certaine manipulation.

Sur le caractère insultant de ces caricatures, chacun se fera sans doute son opinion. Je n'y vois rien de particulièrement insultant, ni de raciste. Il y a pour certaines d'entre elles des simplifications, des raccourcis faciles et du mauvais goût, cependant. Évidemment, c'est subjectif.

Mais il y a en plus de cela une certaine manipulation de l'opinion musulmane qui se voit offrir un nouveau sujet de "croisade" (terme malvenu, je sais) pour apparemment camoufler encore des critiques intérieures envers les dirigeants des pays arabes. En effet, s'il y a quelque chose d'étrange dans cette affaire, c'est sa chronologie. En effet, les caricatures sont parues en septembre dernier et c'est seulement maintenant que l'affaire éclate. Pourquoi? Et, comme le fait remarquer Mona Eltahawi, est-ce vraiment l'affaire la plus importante qui concerne les Arabos-Musulmans aujourd'hui? Et les 500 prisonniers de Guantanamo, alors? Et le terrorisme? Et la pauvreté endémique dans des pays disposant pourtant de la manne pétrolière?

Les dirigeants Arabes sont souvent prompts, comme d'autres, à trouver un ennemi extérieur pour taire l'opposition intérieure. N'oublions pas qu'ils sont soumis à une concurrence de la part d'éléments islamisants et montants de leurs sociétés comme les Frères Musulmans, comme l'illustre la victoire du Hamas aux élections palestiniennes.

Une autre pièce à verser au dossier de la manipulation est que la brochure diffusée par la délégation d'Imam danois qui a interpellé le monde musulman sur ce dossier contenait trois autres images bien plus choquantes que les 12 diffusées dans ce journal danois, et que ce sont ces images (publiées avec une qualité exécrable hélas dans le journal Danois Ekstra Bladet) qui ont jeté le feu au poudres. D'où sortent ces images? Mystère. Mais on peut comprendre que ces trois images eussent provoqué la colère.

Il y a une dernière critique, développée par Koz, qui est celle de dire que ces caricatures étaient malvenues: est-ce une bonne illustration des valeurs de l'Occident de liberté et de tolérance? Cette provocation est-elle nécessaire? Je ne sais pas si c'est une bonne pub pour l'Occident, en effet. Je le rejoint dans sa critique de l'hypocrisie du journal danois, qui a présenté ses excuses en se défendant d'avoir voulu choquer les musulmans. Parce qu'ils ont voulu choquer, ça ne fait pas de doute.

Cette provocation était-elle nécessaire? Sans doute pas; mais elle sera peut-être utile.

Aujourd'hui, il y a un débat larvé dans notre société, sur l'Islam modéré, sur sa capacité à s'intégrer dans la République, à cohabiter avec les libertés fondamentales. Il serait faux et insultant de dire que l'Islam est incompatible avec une République laïque ou la Démocratie; mais il serait aussi faux de croire que l'adaptation sera facile. Cela n'a pas été facile non plus pour la Chrétienté à son époque (et il y a encore des accrochages aujourd'hui).

Je vois cette affaire comme un test, une espèce de barrière à franchir pour les musulmans modérés: c'est cela la liberté d'expression, c'est la respecter aussi quand elle vous choque, vous vexe. Vous pouvez répondre, mais vous n'avez pas à l'interdire. Sinon, elle est sans substance.

Toute cette polémique est en train de dégénérer en crise, et on risque un grave refroidissement des relations entre l'Europe et les pays Arabes. Il est encore possible de sortir de la crise par le haut, mais il faut pour cela que l'Islam modéré fasse entendre sa voix.

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mercredi 1 février 2006

Come back

Et voilà, je rouvre ce blog, cette fois sur un autre hébergement. Ça me permettra d'échapper aux instabilités et aux contraintes de Free. Bienvenue ô rares lecteurs!

Je ne reprend pas mes anciennes notes, mais j'en recyclerais certaines plus tard pour donner l'impression d'une activité régulière. :)

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